Le tourisme haut de gamme, un atout majeur pour l’Europe.
Le Comité Colbert s’engage pour mobiliser les pouvoirs publics sur les enjeux majeurs pour le secteur.
La renommée et l’excellence de nos maisons constituent un atout crucial pour l’attractivité de l’Europe à l’international, notamment en matière de tourisme haut de gamme.
Mais son rôle majeur n’avait encore jamais été examiné dans le détail. C’est pourquoi l’alliance européenne des associations de luxe, l’European Cultural and Creative Industries Alliance, dont le Comité Colbert est membre fondateur, a décidé de travailler avec le cabinet Bain&Company à la réalisation de la première étude dédiée à ce segment.
Cette étude “High-end Tourism – a strong driver for Europe” a également été menée en collaboration avec Forward Keys, analyste de premier plan des tendances de voyage basées sur les vols internationaux, Global Blue, fournisseur de services de Tax Free Shopping, et Virtuoso, premier réseau mondial d’opérateurs touristiques spécialisés dans les voyages et expériences de luxe.
Le rapport complet, disponible en juin, présentera une analyse détaillée des spécificités de chaque pays et un comparatif de cas pertinents au niveau mondial mais les premiers résultats publiés le 17 mai 2022 sont déjà disponibles.
Ils mettent en évidence la contribution directe et indirecte du tourisme haut de gamme à l’Europe, en identifiant les points forts, les domaines à améliorer et en soulignant les leviers stratégiques sur lesquels agir afin de maximiser pleinement le potentiel du secteur.
Le tourisme de luxe en Europe représente actuellement entre 130 et 170 milliards d’euros. Il produit un extraordinaire effet multiplicateur, contribuant à accroître chaque maillon de la chaîne de valeur. Alors qu’il réunit seulement 2 % des structures d’hébergement, son impact global est beaucoup plus élevé, le segment luxe et haut de gamme représentant :
- 22 % des recettes totales du tourisme européen ;
- 22 % des dépenses d’hébergement ;
- 33 % des dépenses en matière de culture, de divertissement et de shopping.
En outre, les dépenses quotidiennes des touristes haut de gamme sont 8 fois plus élevées que celles du touriste moyen. Le segment haut de gamme a également un effet multiplicateur sur l’emploi, puisqu’il emploie près de deux fois plus de personnel pour un hébergement de même taille par rapport aux autres segments.
Les 5 principaux pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni) génèrent environ 75% de la valeur du tourisme haut de gamme. Les macro-données relatives à la valeur du segment haut de gamme par rapport à l’ensemble du secteur touristique dans ces pays sont les suivantes :
- France : environ 22-27 milliards d’euros (tourisme total : 85-100 milliards d’euros) ;
- Allemagne : 5-10 milliards d’euros (tourisme total : 65 à 85 milliards d’euros) ;
- Italie : environ 25 milliards d’euros (tourisme total : 80-100 milliards d’euros) ;
- Espagne : environ 20-25 milliards d’euros (tourisme total :75-95 milliards d’euros) ;
- Royaume-Uni : environ 30-35 milliards d’euros (tourisme total : 80-100 milliards d’euros).
D’autres pays européens tirent également leur épingle du jeu, notamment la Suisse (5 à 10 milliards d’euros), la Grèce (10 milliards d’euros) ou le Portugal (4 à 6 milliards d’euros). Le reste de l’Europe représente environ 9 milliards d’euros.
L’impact positif du tourisme de luxe ne se limite pas à ses effets économiques. Les avantages directs et indirects comprennent la création d’emplois, l’amélioration de la perception de l’offre touristique globale, l’attraction d’investissements ainsi que d’autres avantages intangibles.
Grâce à un effet de halo, les destinations touristiques haut de gamme améliorent en effet la perception des autres destinations du même pays et contribuent à véhiculer l’identité et les valeurs des pays européens. Les éléments attirant les touristes haut de gamme dans les destinations les plus prestigieuses (naturelles, historiques et/ou architecturales) – musées, galeries d’art, magasins des marques de luxe animant les centres-villes, et événements distinguant une destination – visites d’installations d’excellence (showrooms, musées d’entreprise, ateliers, caves), fashion weeks, foires d’art contemporain, etc. – apportent une contribution cruciale bénéficiant au secteur du tourisme dans sa globalité et au soft power de l’Europe.
Cet avantage doit être préservé et en le magnifiant, les perspectives sont très encourageantes. L’ECCIA estime qu’en renforçant l’action sur plusieurs leviers stratégiques, visant à attirer des touristes qui se dirigent actuellement vers d’autres destinations, le tourisme haut de gamme peut doubler ou tripler sa valeur actuelle pour atteindre 520 milliards d’euros de revenus directs d’ici 2030-2035.
Cinq leviers d’action fondamentaux nécessaires sont identifiés pour réaliser le potentiel du secteur :
- Investir dans le tourisme durable, avec une offre touristique conforme à l’économie verte et aux objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.
- Développement du tourisme de la nature, pour combler le manque par rapport au reste du monde et promouvoir des destinations actuellement considérées comme secondaires.
- Investissement dans les infrastructures de mobilité pour répondre aux besoins des voyageurs haut de gamme.
- Harmonisation et facilitation des politiques de visa.
- Création et promotion d’un système d’éducation et de formation pour l’hospitalité et le tourisme, en mettant l’accent sur le segment du luxe.
L’Alliance européenne des industries culturelles et créatives (European Cultural and Creative Industries Alliance) est composée de six associations européennes – Altagamma (Italie), Circulo Fortuny (Espagne), Comité Colbert (France), Gustav III Kommitté (Suède), Meisterkreis (Allemagne) et Walpole (Royaume-Uni) – qui représentent ensemble plus de 600 marques du luxe et du haut de gamme ainsi que les institutions culturelles les plus prestigieuses.
Le secteur du luxe est un moteur essentiel de la croissance et de l’emploi et un ambassadeur des valeurs européennes dans le monde entier. Les marques européennes représentent 72 % du marché mondial du luxe. Elles génèrent 10 % des exportations européennes et correspondent à 4 % du PIB de l’Europe.