Deuxième participation réussie pour le Comité Colbert à l’Université de la Terre
Plus de 1200 personnes – professionnels, étudiants, collaborateurs de nos maisons et grand public – sont venus assister aux deux prises de parole inédites du Comité Colbert le 14 mars dernier.
Dans une première conférence intitulée « Prendre soin de nos ressources » animée par Alexandre Kouchner et articulée autour de la gestion de l’eau, la préservation de la biodiversité et l’impact du changement climatique, le Comité Colbert a insisté sur ce fait : si le luxe magnifie les ressources, alors il lui faut les protéger. La glaciologue, Lydie Lescarmontier a rappelé un premier constat connu de tous : entre 2000 et 2023, non seulement les glaciers ont perdu 7 000 milliards de tonnes mais seulement 39,5 % de l’eau en Europe est en bon état écologique. S’agissant de la biodiversité, Thomas Uthayakumar, Directeur Programmes à la Fondation pour la Nature et l’Homme, a appelé à une division par deux de l’artificialisation des sols et invité nos maisons à s’engager dans une sobriété foncière. Président de la fabrique écologique, Géraud Guibert a quant à lui lancé un plaidoyer en faveur de l’économie circulaire qui a déjà généré 200 000 emplois sur les dix dernières années, soit 2,9 % du nombre total d’emplois. « C’est trop peu », a-t-il insisté.
Face à eux, nos maisons ont fait valoir leurs nombreuses actions. Pierre-Alexandre Bapst, Directeur du Développement Durable du groupe Hermès, a expliqué qu’en dix ans, « le Chiffre d’affaires d’Hermès a été multiplié par 2,5, tandis que l’utilisation d’eau a baissé de 15 %. » « Nous travaillons avec des ressources si rares et difficiles à obtenir que nous ne les gaspillons pas. » Chief Sustainability Officer de Moët Hennessy, Sandrine Sommer a insisté sur la dépendance de ses maisons à la nature et donc sur la volonté du groupe de mieux gérer ses ressources. « Sans sols de qualité, il n’y a pas de business. » D’où l’arrêt des pesticides, les recherches sur un substitut aux fongicides et le développement de l’agro foresterie dans le but de nourrir les sols. Audrey Peguret, Directrice Développement Durable et transformation du Ritz Paris, a ensuite raconté comment l’Hôtel « agit sur les politiques d’achat et sur la sensibilisation de la clientèle pour revoir l’expérience client et changer les habitudes. » Et d’indiquer que son potager, pionnier du circuit court, produit déjà dix tonnes de légumes par an tandis que l’hôtel entretient ses 2000 m2 de jardins sans pesticides ! Enfin, Raphaël Gastebois, architecte des Bâtiments de France au Château de Versailles a rappelé que « le système hydraulique gravitaire des fontaines, né au XVIIème siècle, est fermé, chaque fontaine étant le réservoir de la suivante ». Ou comment la France savait déjà innover sur ces sujets !
Le second thème de notre conférence « la nature, source infinie d’émotions » a mis en lumière quatre duos sur scène : Aska Yamashita, Directrice artistique de la Maison Montex (le19M) et son apprentie Galadriel Andrade, la présidente de Boucheron, Hélène Poulit-Duquesne et sa directrice de création, Claire Choisne, le chef Guy Savoy et son apprentie cuisinière, Laura Gache, enfin, la designer de parfums chez Lancôme, Mathilde Venot et une étudiante en parfumerie, Li Ye. Ensemble sur scène, accompagnés par Alexandre Kouchner, ces quatre duos d’exception ont échangé sur la création inspirée par la nature, le temps long, l’apprentissage, la passion et la transmission comme autant de points communs.
« Je suis passé de l’état de passion à celui d’addiction », a même avoué Guy Savoy. Interrogée sur la communication du nombre d’heures de travail qui accompagne chaque nouvelle création Boucheron, Hélène Poulit Duquesne a indiqué qu’il faut y voir « la reconnaissance de l’engagement humain. Chez Boucheron, où 95 % de l’or utilisé n’est plus extrait mais recyclé, « la première chose que l’on voit, c’est le compagnonnage, la chaine humaine de talents ». Pour Claire Choisne, à qui « la nature inspire une création sur deux », le luxe c’est aussi la possibilité d’aller très loin dans la créativité à l’image de la Cofalite que « nous avons réussi à transformer pour en faire une matière plus chère que l’or ». « On reproduit les mêmes gestes, inchangés depuis des siècles, mais on travaille aussi de nouvelles matières, on utilise de nouvelles machines », a expliqué Galadriel Antrade. Même créativité en cuisine où Laura explique que si la recette de la julienne de légumes n’a pas changé, la tendance zéro déchets s’impose et permet d’imaginer d’autres nouveautés. « C’est comme ça qu’on innove en cuisine ». L’innovation par la collaboration, c’est aussi ce qui se passe chez Montex où sa Directrice artistique évoque la multitude de conversations avec des maisons de couture, des artistes, des designers, et même des chefs. Point commun de toutes ces réflexions ? « La transformation, la passion, la recherche constante, l’envie de proposer des nouvelles choses pour répondre aux attentes d’un client ». Chez Lancôme, Mathilde Venot raconte également que « certaines plantes peuvent se rarifier, devenir plus fragiles. Lancôme met en place des choses pour maintenir notre patrimoine olfactif. » Pour l’étudiante Li Ye, « la nature est la meilleure inspiration. Petit à petit, on crée des parfums plus complexes. Il existe des fleurs muettes qu’on ne peut pas distiller. Le parfumeur doit alors imaginer pour recréer l’odeur de la plante ».
Pour le vingtième anniversaire de l’Université de la terre, le Comité Colbert avait également choisi de présenter sur un espace dédié 25 produits de nos maisons témoignant de leur engagement en matière de durabilité. Depuis le choix des matières premières, recyclées, upcyclées, biosourcées jusqu’au transport en passant par la fabrication moins énergivore, tout est désormais pensé pour limiter l’impact des créations conçues pour être réparées, rechargées et même transmises ! à lire ici
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