Faïence
& Porcelaine
Faïence et porcelaine sont associées au rayonnement de la France dont elles parent les tables royales depuis le XVIe siècle.
Pot de terre contre pot de fer
La faïence française, à base d’argile recouverte d’émail, apparaît en France à la fin de la Renaissance. Elle représente alors une avancée technique majeure. Pour la première fois, le potier peut en effet s’affranchir des décors cloisonnés ou incisés pour délimiter les couleurs. Il peut surtout utiliser le fond blanc pour exécuter une véritable peinture. Imitant la porcelaine translucide importée de Chine, la faïence se déploie au XVIe siècle avec Catherine de Médicis, avant de bénéficier indirectement, un siècle plus tard, de la politique extérieure de Louis XIV. Pour financer ses guerres, il fait en effet fondre l’orfèvrerie du royaume : sur les tables, la faïence vole désormais la vedette à l’or et à l’argent.
Le XVIIIe siècle sera marqué par la multiplication du nombre de manufactures en France, jusqu’à plus de 1300 faïenceries. Non seulement la mode des armoiries incite alors les nobles à faire réaliser des services en faïence ornés des armoiries familiales, mais surtout l’essor économique de la France permet à la bourgeoisie de devenir une puissante clientèle pour la faïence.
Porcelaine, « l’or blanc »
Jusqu’au XVIIe siècle, des objets en porcelaine chinoise, aussi rares que chers, sont acheminés en Europe par voie terrestre (route de la soie) ou par voie maritime ouverte par Marco Polo. Immédiatement, la porcelaine fascine. D’autant que son secret de fabrication est jalousement gardé par les Chinois. Certes, un jésuite limougeaud, le père François-Xavier d’Entrecolles, rapporte par un récit détaillé la fabrication de la porcelaine en Chine en 1712. Mais s’il décrit de nombreuses étapes de fabrication de la pâte, des formes, du décor, des fours, il ne permet pas de percer complètement le secret de la porcelaine.
La porcelaine made in France, dont raffole la marquise de Pompadour, est magnifique, mais il lui manque encore un composant essentiel, le kaolin, l’agile blanche. Jusqu’à ce que l’on découvre les premiers gisements français en 1768, près de Limoges. Des essais de fabrication sont menés à Sèvres et à Limoges. Sèvres produit une porcelaine dure en 1769, et Limoges parvient à produire la sienne en 1771. La toute première manufacture de porcelaine de Limoges est en fait la faïencerie royale fondée en 1736. C’est dans cet établissement travaillant la faïence grâce à un agrément royal que l’on commença les essais de fabrication et de cuisson de la porcelaine de Limoges à partir de 1770. L’essor est alors fulgurant.
Décors somptueux
Faïence et porcelaine françaises doivent notamment leur succès à leur immense créativité. En assiette, vase, statuette ou encore bas-relief, les fonds vert prairie, bleu céleste, rouge carmin, rose Pompadour sont décorés de paysages champêtres, d’oiseaux, de chinoiseries ou encore de bouquets de fleurs. De quoi favoriser le développement de toute une filière industrielle.